Les séries dégressives en musculation sont une technique d’intensification assez populaire.
Malheureusement, elles sont souvent utilisées de manières non-stratégiques et ralentissent alors la progression, voir l’empêche.
D’autres questions se posent quant à leurs utilisations.
Par exemple, faut-il forcer le plus possible pour prendre du muscle ? Aller à l’échec en musculation, c’est à dire jusqu’à la dernière répétition possible et au delà avec l’utilisation des séries dégressives en musculation ?
Avons-nous les capacités de récupérer de cela sachant qu’une séance ne doit être vue de manière unique mais comme un tout que l’on appelle programme ?
C’est le pourquoi de cet article.
Faut-il oui ou non faire des séries dégressives en musculation ?
Ps : Cet article s’adresse aux pratiquants de musculation sans dopage.
Sommaire de l'article
1 – Tout sur les séries dégressives en musculation en vidéo
Dans cette vidéo, je vous explique les avantages et inconvénients des séries dégressives en musculation.
2 – Définition des séries dégressives en musculation
Les séries dégressives en musculation consiste à réaliser une ou plusieurs décharges successives après avoir atteint le nombre de répétitions désirées.
Par exemple, on va réaliser 10 répétitions à 100 kg au Développé couché puis enchaîner sans temps de repos, le temps d’enlever des poids, 10 répétitions à 70 kg.
Cela peut s’apparenter à un superset en musculation sauf que celui-ci se fait sur le même exercice.
Il est bien sur possible de continuer avec une ou plusieurs décharges après la première en fonction de ce que l’on désire faire exactement.
Certains “expert” aiment pousser cela jusqu’à son paroxysme en déchargeant jusqu’à ce que cela la barre soit vide.
Dans ces conditions, il est difficile de faire une seconde série sans prendre des temps de récupération entre les séries incommensurables.
A la base, elles sont utilisées pour induire un plus fort Inroad (empiétement sur la force) et une plus grande fatigue musculaire.
3 – Les avantages des séries dégressives en musculation
Comme toute technique, il est important de considérer le rapport Avantages / Inconvénients avant d’introduire quelque technique que ce soit dans son programme d’entraînement.
Aucune technique tout comme aucun exercice ou stratégie d’entraînement n’a que des avantages.
C’est pourquoi il est important de prendre du recul, d’analyser ce que l’on fait pour trouver le meilleur compromis pour soi tout en sachant que rien n’est et ne sera jamais parfait.
Concernant les avantages des séries dégressives en musculation, ceux-ci sont multiples en théorie.
Le premier est qu’elles permettent de réduire le volume d’entrainement, c’est à dire le nombre de série par muscle. (Cf mon article sur le volume d’entraînement optimal en musculation).
En effet, plus on force et moins on peut en faire d’un point de vu quantitatif (Cf notion de perte tolérable).
Cela est un avantage notamment sur l’usure de nos tendons et articulations qui, à terme, en vieillissant deviennent un facteur limitant de nos progrès.
En en faisant moins en quantité, on “dure” ainsi plus longtemps à condition de faire les bons exercices pour soi en fonction de sa morpho-anatomie et de ne pas forcer sur des “angles” impossibles.
Le deuxième découle du premier est que les séries dégressives en musculation réduisent le temps d’entraînement.
Comme on en fait moins, cela prend moins longtemps, ce qui peut être potentiellement intéressant si on dispose de peu de temps pour s’entraîner.
Dans un monde où beaucoup d’entre-nous courent après celui-ci, il s’agit d’un avantage non-négligeable.
Vous pouvez d’ailleurs lire ce sujet sur la durée d’une séance de musculation.
Le troisième est, qu’en théorie, plus on force et plus les adaptations, c’est à dire la prise de muscle et de force en regard des efforts effectués, devraient être importantes.
C’est la théorie du “Harder is Better“. Plus je force et plus je devrais prendre.
Mais qu’en est-il réellement lorsque l’on est un pratiquant de musculation sans dopage ?
Cette loi s’applique-t-elle vraiment ?
4 – Pourquoi je suis contre ?
Malheureusement, en dehors du gain de temps, les avantages sont à considérer comme des inconvénients.
Nos capacités de récupération n’étant pas illimités et la notion de sur-progrès n’existant pas (Cf article sur l’échec en musculation), il existe un équilibre à trouver entre intensité d’effort, comprendre ici jusqu’où forcer à chaque série, et les résultats que l’on peut en attendre.
Cette équilibre est à trouver entre les trois facteurs de l’hypertrophie musculaire que sont la tension mécanique, le stress métabolique et la progression qui ont été expliqués en détail dans ce SuperPhysique Podcast :
Au delà d’une certaine intensité, d’un certain Inroad, on fini par ne plus être capable de récupérer et au lieu de progresser, on fini par stagner, voir régresser.
Contrairement à la prise de force, c’est à l’accroissement des charges que l’on soulève qui a un potentiel presque illimitée, seulement rattrapé par notre vieillissement, nos capacités de récupération ont moins de potentiel d’évolution et sont énormément déterminées par nos antécédents sportifs effectués durant notre enfance et adolescence.
Il s’agit d’ailleurs d’une base que j’inclus comme déterminante du potentiel musculaire à terme abordé dans la Méthode SuperPhysique.
De plus, la réduction du volume d’entraînement n’est pas forcément souhaitable car il existe un volume d’entrainement idéal en fonction de chaque muscle, un compromis entre charges de travail, nombre de répétition et nombre de séries par muscle afin de pouvoir progresser à chaque séance (Cf le Tableau SuperPhysique).
En priorisant l’intensité de l’effort à son paroxysme, d’après mon expérience, il n’est plus possible d’effectuer le volume d’entraînement suffisant.
L’intensité est certes importante mais n’est pas à considérer comme l’unique facteur permettant la prise de muscle, d’autant plus que toutes les intensités ne se valent pas (Cf cet article sur la musculation intense).
En absence d’un nombre suffisant de séries et d’exercices, la croissance musculaire se retrouve alors limité tout en excluant sur le moyen et long terme la progression.
En effet, à donner le maximum de soi durant la séance, comment est-il possible de faire mieux à la séance suivante puis à la séance suivante ?
Bien sur que le court terme, cela puisse entraîner une progression objective, à moyen et long terme, cela est une erreur et fait abstraction de la notion de marge, indispensable à mes yeux.
Une séance fait partie d’un tout et ne doit pas être considérée comme unique et indépendante des séances précédentes et futures comme le fait la très bonne application de musculation SP Training avec ces cycles de progressions intégrés.
Il faut donc forcer mais pas trop et surtout pas à fond à chaque séance.
De plus, en fonction du type d’exercices, les séries dégressives en musculation n’ont pas le même impact musculaire.
Ainsi, si elles sont utilisées sur un exercice poly-articulaires, elles auront tendance à accentuer la fatigue des muscles secondaires, qui sont déjà les facteurs limitants, dans la plupart des cas, de nos séries.
Par exemple, si l’on fait des séries dégressives en musculation au développé couché, il y a de fortes probabilités, en dehors de toutes notions morpho-anatomiques, que les triceps soient le muscle limitant de l’exercice au détriment des pectoraux pour lesquels l’exercice étaient faits à la base.
Il faut savoir que le recrutement musculaire est influencé par différents facteurs dont la charge, le nombre de répétition, la vitesse d’exécution, l’ordre des exercices…
Vous pouvez retrouver plus d’informations à ce sujet dans mon article sur l’EMG en musculation en musculation.
A l’inverse, si elles sont utilisées sur des exercices d’isolations alors, elles continueront de localiser au muscle que l’on souhaite solliciter par la pratique de cet exercice ce qui peut être un bon point mais que je ne recommande au vu de l’ineptie “Harder is Better”.
Une série dégressive peut aussi s’apparenter à une série longue pour prendre du muscle dont nous avons vu qu’elles étaient une “arme” de plus en plus utile à mesure que l’on progresse afin de continuer à prendre du muscle tout en réduisant son risque de blessure.
Toutefois, je ne recommande pas d’utiliser la même fourchette de répétition en fonction des exercices et de sa morpho-anatomie (Vous pouvez voir mes recommandations ici).
Ce qui peut fonctionner sur un exercice et un muscle en particulier est rarement ce qui fonctionne sur un autre à un niveau avancé.
5 – Comment mieux utiliser les séries dégressives en musculation ?
Je ne recommande pas d’utiliser les séries dégressives en musculation dans la plupart des cas mais elles peuvent s’avérer utiles notamment dans un cas de figure, celui du travail des points faibles.
En effet, la plupart du temps, les points faibles souffrent d’un problème de recrutement au détriment des points forts et il faut alors passer par une phase d’apprentissage moteur.
Dans chaque exercice, il existe une sorte de compétition de recrutement entre les différents muscles mis en jeu durant laquelle le point fort fini presque toujours par gagner au moment de forcer.
Il faut alors passer par une phase d’apprentissage de “recrutement” qui ne peut se faire qu’en séries longues, voir très longues jusqu’à 100 répétitions.
C’est une technique que j’ai utilisée avec efficacité notamment sur mes épaules qui étaient alors en retard dont je parle dans le livre “Le Guide de la musculation au naturel” et qui ne le sont plus aujourd’hui.
En ce sens, les séries dégressives en musculation pourraient s’apparenter à une série longue et lourde grâce aux décharges successives et être efficaces dans cette optique sur des exercices d’isolations afin de ne pas avoir l’impression de brasser du vent lors des 30 à 40 premières répétitions d’une série de 100, sans que cela ne change l’efficacité de cet apprentissage.
Le gain serait ainsi plutôt psychologique mais comme tout est relié, cela peut s’envisager.
Si jamais, vous souhaitez en savoir plus sur le rattrapage de points faibles, vous pouvez lire mon article sur comment rattraper ses points faibles en musculation.
6 – Conclusion
Les séries dégressives en musculation sont souvent utilisées sans raison particulières, en dépit du bon sens.
C’est pourquoi, plutôt que d’accélérer la progression, elle la ralentisse.
En dehors du travail des points faibles, et à la rigueur, pour se faire plaisir en fin d’entraînement afin de repartir le plus congestionné possible de sa séance, elles n’ont pas d’intérêt pour le pratiquant de musculation sans dopage désireux de progresser le plus rapidement possible.
J’espère vous avoir aidé à y voir plus clair sur les séries dégressives en musculation.
Si vous désirez en savoir plus sur mes recommandations destinées aux pratiquants naturels de musculation, je vous invite à suivre ma FORMATION GRATUITE DE MUSCULATION.
J’y explique, à partir de mon expérience personnelle et de coach depuis 2006, c’est à dire après avoir coaché plusieurs milliers de personnes, ce qui, selon moi, fait réellement la différence entre progresser et ne pas progresser.
Vous éviterez ainsi de perdre du temps et de vous blesser tout en accélérant votre transformation physique.
Bonne formation donc et à bientôt,
Rudy